UBUNTUPSY
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Le site Ubuntupsy prolonge en quelque sorte les activités de l’entreprise du même nom. Mais il a surtout vocation à s’en affranchir pour devenir un « outil en soi » de réflexions et d’échanges, à partir des sciences, de la littérature, de la culture et des arts, sur nos idées et nos pratiques concernant l’enfance en général et plus particulièrement « l’enfance protégée » et ses dispositifs, et à travers eux, la société dans laquelle nous vivons.
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Lorsque je me suis retiré de mes activités hospitalières du service public de pédopsychiatrie, en 2017, je me suis proposé trois choses :
1) Être partie prenante d’un travail auprès des équipes des services de la protection de l’enfance à savoir :
- Poursuivre mon travail et mon engagement auprès des collégiens exclus de leur collège, dans une petite structure d’accueil de jour avec un drôle d’acronyme : Le S.A.P.P.E.J.[1], créé en 2010.
- Élargir mon travail en intégrant les équipes du foyer JENNER, l’un et l’autre administrés par l’association Jean Cotxet.
- Poursuivre mes activités auprès des équipes de secteur de l’ASE de Paris, socle de l’organisation de la protection de l’enfance visant à améliorer l’accueil et l’accompagnement des enfants protégés et de leur famille.
2) Dans le champ du handicap, poursuivre ma collaboration engagée depuis plus de 30 ans avec le centre de ressource CEMAFORRE [2] concernant l’accès à la culture des « personnes empêchées ».
3) Poursuivre le travail de recherche à partir du concept de complémentarité [3] du physicien Danois Niels Bohr.
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Ce site n’est pas une tribune libre, moins encore un tribunal. Il appartient en quelque sorte à tous ceux qui sont animés d’un « esprit de recherche continue ».
Qu’est-ce donc qu’un « esprit de recherche continue » ? ; peut-être une certaine façon d’habiter deux mouvements intriqués de la pensée :
· Une certaine « capacité à rêver »[4], qui nous maintient en lien avec notre histoire « sensible », qui parle d’origine ou plutôt d’originaire comme une sorte d’errance au seuil de l’immémorable [5] de l’indicible avec la créativité « ordinaire » - mais parfois exceptionnelle - qu’elle permet.
· Une capacité à penser les pensées [6], qui concernerait les mécanismes de la perception consciente.
Capacités que l’on hérite d’une alchimie entre notre patrimoine génétique et les environnements dans lesquels on a vécu et les rencontres que nous avons faites. Autrement dit : rêver et raisonner entre poésie et logique, entre art et science.
Deux mouvements qui pourraient être rapprochés des modèles neurophysiologiques. Ainsi, la capacité à rêver correspondrait au « mind wandering » de l’esprit, une déambulation mentale permanente [7], correspondant à l’activité « oscillatoire » de fond des neurones qui ne s’efface que dans le sommeil profond et dans la mort. La capacité « à penser les pensées », impliquerait les manifestations cérébrales de la perception consciente. Mouvements, répétons-le, incroyablement intriqués.
Il est d’ailleurs remarquable que nos recherches anthropologiques se soient appuyées sur l’expérience du cube de Necker comme démonstration d’une impossibilité de penser la différence pure, telle que la culture Bantou [8] l’a mis en évidence. Cette même expérience viendrait ici montrer la nature « oscillante » du travail de la conscience perceptive portée par un « bistable » oscillant, que l’on retrouve aussi dans l’expérience du vase de Rubin. Les deux perceptions de la position du cube alternent de façon rythmique instable. Chacun peut en faire l’expérience. J’invite à cette occasion à découvrir l’œuvre graphique fascinante de M.C. Escher [9] et son attrait pour la répétition rythmique. J’en rapproche les réflexions de JF Billeter [10] sur le « geste » de Bonnard, dans une publication récente.
Nous garderons une petite veilleuse allumée, dans « notre obscurité » pour apercevoir et parfois toucher aux fantômes et aux fantasmes de l’enfance et surtout de la nôtre bien sûr...[11]
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Prendre la parole et écrire dans ce site, répondrait idéalement à plusieurs exigences :
- Une certaine rigueur et précision scientifique et logique, ouverte au débat [12]. Mélange subtil et improbable de connaissance et d’expérience, de sensibilité et d’audace.
- Une préoccupation éthique qui touche à la question de la justice sociale : C’est le vaste domaine des valeurs.
- Une attention au juridique, au droit, qui touche les questions de statut des enfants accueillis, et plus généralement les questions de place et de cadre.
- Et une « sensibilité », comme on dit d’un appareil qu’il est « sensible » c’est-à-dire « capable » d’être affecté par la rencontre avec les autres, avec les choses, avec les œuvres d’art comme avec les mots. Finalement « suffisamment » [13] d’empathie avec le monde.
« Écrire est comme s’entendre dans un rêve poser une énigme que le réveil a coupé de sa réponse... » [14]
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Le premier essai [15]à venir - d’une longue série que j’espère à l’avenir, à plusieurs voix - parlera de la contribution des dispositifs de la protection de l’enfance aux soins de « santé mentale » auprès des mineurs protégés.
L’actualité nous pousse à écrire que comme les hôpitaux, les dispositifs de la protection de l’enfance, ne sont ni des entreprises ni des lieux de relégation. La machine bureaucratique ne semble plus pouvoir s’arrêter, broyant la vie des institutions par la bien-pensance des bonnes pratiques [16] ; cette pensée opératoire, serait une sorte « d’intelligence artificielle » et c’est celle-là peut-être que nous devrions craindre.
Il s’agit de montrer dans ce premier essai que l’idée de santé mentale [17] est trop souvent réduite au champ sanitaire, médical... Le « Care » anglo-saxon nous servira d’appui. Il n’en demeure pas moins que cette idée de santé mentale reste ambiguë et confuse. Erigée elle aussi en droit elle semble prendre des allures de « finalité dernière[18] ».
Revenons à nos moutons, il y en a toujours quelques-uns qui ont gardé un gout immodéré pour le vagabondage.
Dire « mettre au monde » c’est plus que de parler de la naissance.
On peut convenir que la naissance, l’accouchement, l’arrivée du bébé c’est une affaire de famille : privée. Un vrai traquenard aussi ; à peine arrivé il est déjà inscrit dans la lignée ; il a les cheveux de tante machin le nez du cousin truc le prénom du grand père ou à défaut le prénom d’une star. Il a même un père. Je dis affaire aussi au sens de procès ; il y a du contradictoire et du conflit [19] qui apparait. Affaire privée sans doute, mais affaire publique aussi : Déclaration à l’état civil, filiation, congés maternité et paternité, allocations, primes, vaccinations, apprentissages divers dont la propreté, éducation, scolarisation, examens, évaluation et enfin droit des familles et droit des enfants.
Sur le plan sémantique, privé et public sont deux concepts opposés, contradictoires même. Cependant comme on vient de le montrer ce n’est pas si simple, l’un ne pas sans l’autre « complémentarité » oblige. L’ombre ne va pas sans la lumière...
Notre culture a construit le concept de parentalité[20], que l’on peut voir comme une fonction dont on mesurerait les « bonnes pratiques » créant une sorte de disjonction avec la parenté[21], qui n’ont l’une et l’autre aucune existence juridique. On prend acte donc que dans l’imaginaire[22] social ou sociétal opère (est à l’œuvre) une disjonction entre une fonction parentale (autorité parentale) et une parenté (filiation).
Mais lorsque la puissance publique intervient, dans le champ de la protection de l’enfance, apparait un conflit latent ou ouvert entre la sphère privée et la sphère publique et leurs intrusions réciproques...par droit interposé : d’ingérence. Cela revient véritablement à savoir à qui appartient l’enfant et... à la sagesse du Roi Salomon.
Nous n’irons pas plus loin dans cette introduction de bienvenue, pour dire que ces questions traversent le champ de la protection de l’enfance. L’idée est d’interroger ce qui fonde, moins la légalité qu’une légitimité affaiblie contribuant à des déplacements, d’évaluation en évaluation, rarement hiérarchisés, stériles et couteux auquel s’associe le sentiment d’une perte de sens.
Ce conflit n’est que la transposition de l’aventure de l’enfant dans sa rencontre avec le monde. A ce sujet, l’idée de « contrat narcissique » proposée par Piera Aulagnier[23], qui désigne de manière très générale, « ce qui est au fondement de tout possible sujet-société, individu-ensemble discours singulier et référent culturel » est éclairante mais imparfaite, car tout n’est pas contractuel dans le contrat…
Cela illustre ce lien à construire entre une histoire individuelle et l’histoire collective.
Si l’idée de « protection » épouse bien la notion de « grandir sans être dérangé »[24] et donc de l’intervention de la sphère sociale comme un aménagement précieux et incontournable, Hannah Arendt souligne un aspect problématique de cette intervention du social dans la vie des enfants.
Prendre en compte ces déterminismes culturels et sociétaux - comme agissants -serait un premier pas pour prendre la mesure du « risque de répétition », c’est-à-dire répétition des raisons même qui ont conduit à prendre les mesures de protection, répétition de ce qui est dénoncé, voire condamné, dans le jeu très dense des identifications et des projections respectives. On pourrait ajouter la question du conflit de loyauté[25] presque toujours observé dans les dispositifs de la protection de l’enfance, exemplaire d’une question de fond que nous retrouvons : à qui appartient l’enfant ? Comment peut-il progressivement s’appartenir un peu ?
La sphère sociale « publique » s’interpose et les professionnels sont partagés et traversés par ses contradictions qui se déploient dans le champ d’un droit finalement assez clivant entre droits des parents et droits de l’enfant. Pourra-t-on imaginer un nouveau paradigme ?
Deux choses encore :
Je me méfie un peu de la posture « militante », et de la mienne aussi. Militant résonne quand même un peu avec militaire... Les armes et le militantisme partagent la même nécessité d’être manipulés avec prudence. L’enfer est pavé de bonnes intentions.
Freud et Winnicott ont insisté sur cette idée que l’on apprend beaucoup de la rencontre avec des situations inhabituelles et extraordinaires. Cela nous aide à soutenir l’effort de distanciation nécessaire vis-à-vis des évidences, de nos crispations intellectuelles et théoriques, idéologiques et identitaires, voire religieuses, mais indispensables, car elles nous assurent un sentiment de continuité et de cohérence « d’existé ». Comment alors se débarrasser ou au moins se déprendre d’une chose indispensable ? C’est une ouverture sur le vaste champ des résistances dans le champ psychologique et psychothérapeutique et sur les idéologies conservatrices dans le champ socio-politique toujours pensées comme symptomatiques, et plus généralement sur nos aveuglements.
On pourrait rêver « d’une sorte de discours de la méthode qui ne montre non point, comme celui de Descartes, comment parvenir à la certitude, mais comment se maintenir dans l’incertitude, celle qui rend la pensée mobile, curieuse et féconde », pour reprendre une formule de JF Billeter dans l’introduction à son LICHTENBERG. Cette incertitude est plus que le doute - même méthodique – ou un non savoir ; elle s’apparente à l’idée de « capacité négative » de Bion.[26]
Tout cela n’est quand même pas un long fleuve tranquille.
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À propos d’Ubuntu : Choisir un mot appartenant à une langue étrangère, dont la traduction « impossible » rend compte de l’irréductibilité du mot à la culture, permet un accès critique à la nôtre, un certain décentrement vis-à-vis d’automatismes dans lesquels nous sommes pris. Le mot ne colle plus si facilement à la chose. Le degré de jouissance baisse. Le travail de traduction, révèle dans le contraste des univers de pensée, la complexité sensible des mots et du langage.
Ce mot Ubuntu renvoie à la lutte en Afrique du Sud et à la sortie du régime de l’apartheid représenté par deux figures de l’histoire, mais surtout au travail de « réparation » [27] conduit par : Nelson Mandela et Desmond Tutu et tous les autres.
Ce mot figure en inclusion dans le texte de la constitution de l’Afrique du Sud post apartheid. Il y a sans doute un peu d’idéalisation au regard d’une réalité historique auquel il est difficile d’accéder dans sa globalité : cependant l’idée force le respect.
Ubuntu : pas vraiment une philosophie ; juste l’indice d’une cosmogonie propre à une culture, élargie aux quatre cents langues bantoues.
J'ai choisi le mot Ubuntu avec son acception particulière qui sonne – comme une résistance - dans le « Nous sommes donc je suis » d’Antjie Krog, [28] au regard d’un monde gouverné par une éthique de l’agir[29] et une sorte de « sacralisation » de l’individu.
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Ces réflexions, sont des « fictions vitales » ; ce sont comme des respirations et des battements de cœur, qui nous « soignent » de ce sentiment très vif à certains moments de la « facticité » somme toute normale de notre condition de « parlêtre » dans le monde. Le Blablabla. Une langue malade ? Nous essayerons d’y revenir sous le signe de l’impensé religieux[30] dans notre culture. Vaste programme ; mais c’est cela aussi « rêver ». Le constat en effet que la science est largement traversée par des « croyances individuelles » signe la présence d’un impensé religieux qui les animent ; question de degré de voisinage entre le je pense et le je crois.
C’est bien aussi, le propre explicite des « lumières » que de s’être affranchi des croyances au profit de la raison et des sciences dite de la nature. Probablement, le discours de la science porte encore en lui l’implicite religieux d’un désir de Vérité totalisante au risque du totalitaire. L’ombre semble comme détachée de la lumière dès lors au service de la puissance, de la production et de la transparence...
C’est la phrase d’Horace Torrubia[31] : « Plus la science se développe, plus son paradigme devient colonisateur et plus le concept d’objectivité prend la place la plus axiale de l’abord de l’autre en tant que sujet » qui a largement animé nos recherches à propos de l’interprétation dite de Copenhague de la physique contemporaine avec le Pr Jean Bernard Bru.[32]
Nous avions finalement conclu que le renversement historique de la subjectivité en objectivité entre le XIIIème et le XXème siècle et le clivage qui s’est installé entre les deux constituaient un paradigme dans l’histoire de la pensée occidentale et avait gouverné le monde avec une redoutable efficacité, au plus profond des mentalités et des modes de pensée pour le meilleur et pour le pire.
Nous étions même allés jusqu’à affirmer que la relégation de la subjectivité peu propice aux finalités utilitaristes des sociétés dites libérales pouvait constituer autant de « petits crimes contre l’humanité ». Comme des jongleurs de mots nous avons joué avec le lien entre sujet objet, avec la subjectivisation de l’objectivité et l’objectivation de la subjectivité, comme mouvements infinis de l’histoire de la pensée, individuelle et collective.
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A quoi pensaient les hommes lorsqu’ils se sont mis à dessiner bien avant peut-être le néolithique, sur les parois des grottes et des gouffres comme la grotte Chauvet, des représentations animales si fascinantes, avec une telle maitrise. Parfois les courbes font corps avec les reliefs du support, la figure comme sortant de la paroi.
La mutation du néolithique qui voit apparaitre les premières sociétés villageoises qui se sédentarisent, de nouveaux modes de production et de consommation, montrent des capacités grandissantes de l’homme témoignant de profonds changements dans son rapport au monde. On doit à Jean Paul Demoule, cette hypothèse que « les chasseurs cueilleurs se pensaient comme une espèce animale parmi les autres (paradoxe logique : en réalité ils ne le pensaient pas ! car justement ils ne se pensaient pas) ; au Néolithique l’homme se dénature pour se penser comme distinct du reste du vivant », dont les représentations rupestres animales constitueraient le signe et la manifestation.
Vertige des spectateurs émerveillés que nous sommes, devant la trace d’un moment de disjonction cognitive entre l’animal et l’homme et peut-être par conséquent l’émergence d’une humanité prenant conscience d’elle-même.
« Où » se pensaient-ils mentalement ? Qui dessine et d’où dessinent-t-ils ? [33] ; le « quelque part » des psychanalystes.
Aujourd’hui, la question animale s’est invitée sur la scène politique comme pour interroger la nature humaine : « l’homme », et au-delà sa place dans l’environnement relatif à une culture donnée. Sujet d’actualité s’il en est.
On prend ici la mesure et les enjeux de l’acte de dessiner, de représenter, dans le lent travail de disjonction identifiante de l’enfant au regard de son environnement vivant et non vivant. On parle « d’individuation ». Lent travail en compagnie des peluches d’animaux sauvages qui remplissent les berceaux, et les chambres d’enfant !
C’est dans cette ouverture à nous même marqué par cette division sans doute assez proche de ce que j’ai cru comprendre de l’univers des réflexions de Heidegger et de Hannah Arendt que nous essaierons de comprendre la langue des enfants[34] en général mais plus particulièrement celle de ceux dont l’environnement chaotique, les violences physiques et psychiques subies, l’incohérence mais surtout l’imprévisibilité de l’environnement dans lequel ils ont tenté de grandir n’ont pas permis d’installer une sécurité intérieure suffisante pour se faire confiance, croire en eux, pour construire leur histoire personnelle et sociale jusqu’au sacrifice parfois de leurs capacités de penser les pensées.[35]
Aux collectifs inscrits dans le champ de la protection de l’enfance reviendrait la charge de rendre lisible le « discours sans parole » des comportements et des agirs. Cela vaut évidemment tout autant pour les usagers que pour les professionnels. D’une certaine manière les analyses de pratiques et les supervisions contribuent à « penser les pensées ». Elles participent entièrement du « prendre soin » de l’institution.
Il leur revient aussi de garantir un cadre sécurisé avant toute velléité « hygiéniste » et psychologisante de « soin psy », comme un consommable parmi d’autre… et si facilement jetable.
Pour ceux qui connaissent, on entend dans tout cela la référence à la psychothérapie institutionnelle[36] et son foisonnement théorique. Ses repères théoriques nombreux articulés autour de la psychanalyse ne seraient rien sans les leçons tirées des conditions politiques extrêmes de son histoire, et par l’engagement critique de ceux qui l’ont vécu. Même théorique - de toute façon imaginaire - : une famille de pensée.
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Nous ferons une place à un nouveau (relativement) compagnon de route qui ne parle pas lui - enfin pas encore, mais on ne sait jamais - ; tout en synapses, médiateurs chimiques, réseaux neuronaux, circuits, oscillations neuronales : le cerveau.
Plutôt que le raccourci : Dialogue entre les neurosciences et la psychanalyse, parlons du dialogue entre les chercheurs en neurosciences et les psychanalystes. La posture de recherche mobilise l’originaire, le « rêve » de chacun quel que soit l’objet « toujours barré » [37] sur lequel elle se porte.
Un des grands principes de la PI étaient de maintenir associés la recherche la formation et la pratique, autrement dit comment articule-t-on les connaissances et l’expérience entre l’ensemble des acteurs, soignants éducateurs familles enfants et encadrement proche et plus lointain. La psychothérapie institutionnelle à partir de l’expérience de St Alban avait mis en œuvre ce qui semble se dessiner aujourd’hui comme des « produits dérivés » avec des perspectives prometteuses telle la « clinique de la concertation », ou « l’open dialogue » et une sorte de décloisonnement pratique et théorique de la pensée.
Les effets des « progrès scientifiques » et la révolution numérique contemporaine, les troublants réseaux sociaux, le développement de la puissance de calcul des ordinateurs, la fascinante intelligence dite artificielle ne doivent pas nous détourner de ce que - science ou pas - c’est aux mots de : « Perpétuer…ce que la mort s’apprête à réduire en poussière, tel est parmi d’autres le rôle du langage…car c’est à lui seul qu’il incombe d’insuffler la vie aux évènements révolus » (LRD).
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Dans « Petit éloge de l’errance » Akira Mizubayashi, écrit : « C’est cet effort d’absence volontaire, de déracinement voulu, de distanciation active par rapport à son milieu qui paraît toujours naturel, c’est donc cette manière de s’éloigner de soi -même, - ne serait-ce que momentanément et provisoirement -, de se séparer du natal, du national et de ce qui, plus généralement, le fixe dans une étroitesse identitaire, c’est cela et surtout cela que j’appellerais errance ».
Risquons un peu d’insécurité dans notre univers de pensée, accommodons nous, tout autant du risque de la réussite que de l’échec, survivons aux éclairs parfois dévastateurs de lucidité ; oscillons, nous aussi entre le doute inhibiteur et le désir agissant, avec toujours la soif de s’abreuver aux sources invisibles, impensables et indestructibles de ce qui nous anime.
Bienvenue.
Dr Gérard Robin
[1] SAPPEJ : Service Accueil Psycho Pédagogique Éducatif de Jour. Il accueille des collégiens exclus de leur établissement scolaire. C’est un dispositif de la protection de l’enfance construit à partir d’une collaboration étroite entre les services de la protection de l’enfance, l’éducation nationale, et le pôle de pédopsychiatrie dont j’étais responsable à l’époque de sa création. Il serait intéressant d’en retracer l’histoire, les valeurs qui animent ce collectif, la logique institutionnelle et les présupposés de sa pratique.
[2] CEMAFORRE : Centre National de ressources pour l’accessibilité culturelle des personnes en situation de handicap et plus généralement « empêchées ».
[3] COMPLEMANTARITE : Niels Bohr formule, en effet, au travers du principe de complémentarité, ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui l’interprétation de l’école de Copenhague de la mécanique quantique. Précisons que c’est sur le travail conceptuel des physiciens de cette époque (Bohr, Pauli, Heisenberg mais aussi Einstein, plus tard Bell, etc.) que nous avons travaillé et évidemment pas sur la mécanique quantique en elle-même. Nous avons « trafiqué » le mot en l’écrivant : COMPLEM{a}NTARITE le {a} inclus exclu tente de témoigner de l’impossible saisie strictement conceptuelle de ce terme. Il n’est pas totalement détachable de l’expérience. C’est probablement proche et du mécanisme de l’exclusion inclusive que développe Georgio Agamben, aux confins de « l’originaire » comme discontinuité première.
[4] CAPACITE A REVER : Cette capacité de rêverie, Bion l'attribue à la mère qui va ainsi jouer le rôle de « fonction alpha » pour aider son nourrisson à transformer ses éléments psychiques bruts qu'il nomme éléments bêta. Par extension cette fonction est attribuée à tout un chacun...et bien sûr aux professionnels de la protection de l’enfance et du soin. Fonction qui irrigue les pratiques des professionnels, dans le champ de l’enfance, mais pas seulement.
[5] IMMEMORABLE. Je rapproche ce terme de « indicible » en référence au texte de LRD : « Face à l’immémorable ». Ni analogie, ni synonyme à proprement parler, simple rapprochement de l’univers de sens de chacun de ces deux termes. Pour Wittgenstein, l’indicible n’est certainement pas quelque chose (une essence), mais, une pure existence, le fait pur que le monde est. Ce qui ne se révèle pas dans le monde est le simple fait que le monde existe ; les propositions du langage, qui disent comment le monde est, ne peuvent dire que le monde est. Comment l’expérience du langage pourrait-elle être attestée indépendamment de propositions proférées dans le langage. « Au commencement était le verbe » les « religions » révélées apparaissent comme une nécessité logique.
[6] CAPACITE A PENSER LES PENSEES. W. Bion a créé et formalisé le concept d’appareil à penser les pensées dans la formation duquel la psyché maternelle, sa capacité de rêverie et de contenance des premières projections sensorielles et émotionnelles de l’enfant a un rôle capital.
[7] DEAMBULATION MENTALE : Voir : « Les oscillations neuronales Fondement du mouvement de la pensée » du neurophysiologiste Guy Chéron.
[8] BANTOU On nomme Bantous « les locuteurs des langues bantoues sur le continent africain. La racine N’TU désigne l’homme et Ba le pluriel, d’où Bantu. Ils sont répartis du Cameroun aux Comores et du Soudan à l’Afrique du Sud dans quatre cent cinquante langues sur le continent africain. Le terme de « Bantu » est proposé par l'allemand Bleek à la fin du XIXᵉ siècle ». Le mot Ubuntu appartient au groupe des langues Bantou que j’ai utilisé pour Nommer mon entreprise et le site du même nom : UBUNTUPSY. L’approfondissement des catégories philosophiques explicites de cette culture (notamment « l’être localisateur ») témoigne de la puissance logique d’une culture sans écriture ; elle fonde ses catégories sur l’impossibilité de penser la différence pure. Nous nous appuyons sur les travaux d’Alexis Kagame philosophe essayiste et historien rwandais.
[9] MAURITS CORNELIS ESCHER. Maurits Cornelis Escher, né le 17 juin 1898 à Leeuwarden et mort le 27 mars 1972 à Laren, plus couramment nommé M. C. Escher, est un artiste néerlandais, connu pour ses gravures sur bois, manières noires et lithographie souvent inspirées des mathématiques et des motifs de l’art islamique. Ses œuvres représentent des constructions impossibles, des explorations de l'infini, des pavages et des combinaisons de motifs en deux ou trois dimensions qui se transforment graduellement en des formes totalement différentes, qui défient les modes habituels de représentation du spectateur. (Wikipédia).
[10] JEAN FRANCOIS BILLETER. Sinologue philosophe au style élégant a publié de nombreux ouvrages dont : « Une rencontre à Pékin », « Chine trois fois muette », « Leçons sur Tchouang Tseu », « Quatre essais sur la traduction », et plus récemment, « Le propre du sujet », « Court traité du langage et des choses » et « Bonnard Giacometti et P. ».
[11] FANTÔMES DE L’ENFANCE. Voir l’étrange nouvelle de Louis René Desforêt : « La chambre des enfants ». L’étrangeté magistralement entretenue, parle comme dans un rêve de l’imaginaire des adultes exclus de la chambre des enfants. Traditionnellement pourtant, les enfants eux scrutent la chambre des parents... Ainsi va le monde !
[12] DEBAT. Précisons : un débat contradictoire. La multiplication des points de vue porte en elle une illusion de « vérité » totalisante dans la recherche paralysante de certitude et de consensus. C’est comme une sorte de forclusion du « réel ». C’est la porte ouverte à une répétition stérile et délétère.
[13] SUFFISAMMENT. Clin d’œil à la célèbre formule de Winnicott à propos de la » mère suffisamment bonne ».
[14] LOUIS-RENE DES FORETS. Louis René Pineau des Forêts, dit Louis-René des Forêts est un écrivain français, auteur d’une dizaine d’ouvrages dont « La chambre des enfants », « Ostinato », « les bavards » et « Face à l’immémorable » dont est extraite cette citation.
[15] LE PREMIER ESSAI a pour titre : « Prendre soin d’un enfant protégé : Comment les services de la protection de l’enfance contribuent à la santé mentale des enfants qui lui sont confiés ». Une intervention faite lors des journées de la protection de l’enfance de 2022.
[16] BONNES PRATIQUES. Il y a quelque chose de « menaçant » dans ce discours supposé scientifique particulièrement clivant lorsqu’il s’inscrit précisément dans le vivant des institutions. Ce serait un rejeton de « l’évidence base médecine », démarche au départ pragmatique et somme toute intéressante pour uniformiser des « protocoles thérapeutiques », validés, qui permettent d’immenses progrès dans le champ de la médecine somatique.
L’extension ou la colonisation de concepts à des « régions de réalités différentes », est délétère. J’emprunte cette notion de « régions de réalité » au mathématicien Werner Heisenberg, élaboré pour dépasser les contradictions apparues dans la confrontation des physiciens avec le monde de l’infiniment petit. Dégager quelques grands principes qui font sens et ne pas « hacher menu » le quotidien taylorisé des professionnels.
[17] SANTE MENTALE. La santé mentale faute de mieux dans la définition de l’OMS défini la santé globale entendons ici physique et psychique. Il y a dans les termes une certaine ambiguïté. La santé mentale ne se superpose pas au médical ou au sanitaire et la société civile y participe. Comment articuler les prises en charge socio-éducative et médicales (pédiatriques et psychiatriques). Vaste question très pratique ; comment le penser ?
[18] FINALITE DERNIERE. Vieille question depuis Platon repris par Aristote, puis St Thomas. « C’est un sujet » comme on dit aujourd’hui. C’est probablement ce à quoi nous avons assisté transitoirement lors de l’épidémie du COVID 19 dans une confusion entre moyens et fins ; Cela demanderait de refaire l’historique de cette période qui a affecté l’équilibre mental de nombreux enfants et adolescents (des adultes aussi bien sur) Quel enseignement peut-on en extraire.
[19] CONFLIT. Conflit, ce n’est pas seulement la guerre, même si ce terme garde toujours une valeur négative. Il y conflit lorsque deux choses se présentent comme contradictoires. C’est comme « procès » qui parle de la mise en scène de conflits ou d’intérêts qui s’opposent. Notons que le « contradictoire » est au principe de toutes les catégories du droit. Les développements théoriques de la psychanalyse s’appuient sur la notion de conflit intrapsychique.
[20] PARENTALITE. Fait référence à l’éducation des enfants et aux droits et obligations qui en résultent (actions pédagogiques, domestiques, éducatives, de soin, d’hébergement de visite etc.... On est dans le champ d’une fonction qui s’exerce, et qui d’ailleurs s’évalue... on parle de compétences parentales. Elle trouve sa traduction « juridique » dans l’autorité parentale qui succède à l’autorité paternelle.
On remarquera que la tendance est de substituer l’autorité parentale à la notion de « responsabilité » ; Il nous semble intéressant de comprendre le sens de cette tendance comme symptôme. Certains pourraient y voir l’aboutissement de l’idéologie libérale, d’autre le retrait de la religion... vaste débat.
[21] PARENTE. Désigne les règles de descendance de chaque individu et plus généralement le lien organisé avec un ou deux parents ; on est plutôt du côté de la filiation c’est-à-dire du statut et de la place. Question qui résonne avec l’approche psychanalytique de la place de l’enfant « consciente et racontée ou inconsciente » dans l’histoire de la famille au sens de lignée et de désir des parents...
[22] IMAGINAIRE ; Il s’agit de préciser que nous entendons imaginaire au sens de Castoriadis dans son travail sur « l’institution imaginaire de la société. « L'imaginaire ici est compris - entre mémoire et oubli - comme la création permanente et indéterminée (sociale et psychique) de formes, de figures, de récits et d'images à partir desquelles quelque(s)chose(s) peut être en question, à savoir : une réalité et une rationalité. »
[23] PIERA AULAGNIER Psychanalyste : Auteur entre autres de « La violence de l’interprétation » et du « L’apprenti historien et le maitre sorcier » ...
[24] GRANDIR SANS ETRE DERANGE, extrait de la crise de l’éducation de Hannah Arendt qui écrit : « Plus la société supprime la différence, entre ce qui est privé et ce qui est public, entre ce qui ne peut que s’épanouir à l’ombre et ce qui demande à être montré à tous dans la pleine lumière du monde public, autrement dit plus la société intercale entre le public et le privé une sphère sociale ou le privé est rendu public et vice versa, plus elle rend les choses difficiles à ses enfants qui par nature ont besoin d’un abri sûr pour grandir sans être dérangés ». On comprend intuitivement ce que cette formule veut dire. Moins évident de faire comprendre le « dérangement », jusqu’à l’emprise de ce que nous appelons « intrusion » de ces mères et/ou pères dans la vie et dans la pensée de leurs enfants, qu’ils soient présents ou absents, que prolonge ou répète parfois le social. L’enfant ne « s’appartient » plus. L’intrusion psychique fait violence tout autant que la violence physique ou sexuelle pour laquelle tous les dispositifs associatifs militant sociaux et pédiatriques sont mobilisés. L’emprise est parfois massive jusqu’au retrait psychique associé parfois à des dépressions sévères et silencieuses. Question qui déborde d’ailleurs le strict champ de la PE.
[25] LOYAUTE Ce terme loyauté dérivé de loyal désigne ce qui est « conforme à la loi » : légal donc. Il semble avoir été remis au gout du jour par le courant systémique, notamment celui des thérapies contextuelles. Malgré ces connotations anciennes (féodalité) ou transgressive (loi du « milieu »), « il renvoie – ce terme de loyauté - à des systèmes relationnels très éloignés des idéaux contemporains, mais les attitudes qu’il désigne n’en sont pas moins constamment appréciées » (Daniel Calin). La dimension intersubjective passe par l’idéalisation d’un engagement par « la parole donnée ».
Progressivement la loyauté devient un ensemble de qualités morales dans la relation personnelle à autrui, gardant ainsi ses racines juridiques. L’univers juridique régi par les lois écrites dans lequel nous vivons implique une sorte de « désubjectivation » du social : la loi, médiatisée par un écrit, est en principe indépendante de toute relation personnelle et s’applique à tous. Inversement, l’univers de la loyauté est un univers centré sur des relations de proximité entre les personnes, autour de la parole. La transgression devient « trahison déshonorante ». C’est cet univers « intersubjectif » de la loyauté qui fait sens dans le domaine de l’enfance. C’est dans le lien intersubjectif « éducatif » que se construit l’ensemble des codes sociaux. Cette distinction profonde entre loyauté et légalité est riche d’enseignement dans le domaine de l’enfance.
[26] CAPACITE NEGATIVE ...Inspirée par Keats (poète britannique) la capacité négative serait idéalement une faculté de tolérer le non-savoir, le doute, l'incertitude et le mystère ; dans l’expérience d’une rencontre une posture où cette faculté se réalise.
[27] REPARATION Fait explicitement référence à la pratique complémentaire du traitement pénal de l’infraction. Elle consiste à faire dialoguer victimes et auteurs d'infractions (qu'il s'agisse des parties concernées par la même affaire ou non). Ces mesures visent toutes à rétablir le lien social et à prévenir la récidive. Inscrite dans la directive de l'Union européenne 2012/29 du 25 octobre 2012, elle est prévue par la loi du 15 août 2014, mise en œuvre par la circulaire du 15 mars 2017 ; elle suppose : la reconnaissance des faits ; l'information des participants et leur consentement exprès pour participer ; la présence obligatoire d'un tiers indépendant et formé sur ces mesures ; le contrôle de l'autorité judiciaire ; la confidentialité des échanges.
Si cette pratique est conçue dans le cadre judiciaire – une fois l’affaire jugée - ses finalités et son principe pourrait inspirer dans le quotidien de la vie collective des établissements de la protection de l’enfance, une certaine régulation des conflits mais aussi les violences dans le champ éducatif ; elle permet de penser la « loi » au-delà d’une vision abstraite et répressive. C’est à cela d’ailleurs que répond déjà la pratique dite des « reprises ».
[28] ANTJIE KROG Antje Krog est une poétesse, journaliste et universitaire sud- africaine. Elle est l’auteur de notamment « La douleur des mots », et récemment « Messe pour une planète fragile et autre poèmes ».
[29] ETHIQUE DE L’AGIR Reste à méditer sur ce conte étrange d’Herman Melville : Bartleby ou le scribe et son mélancolique et légendaire : « Je préfèrerais ne pas ». Il servirait d’ouverture à une réflexion sur le couple « complémentaire » puissance et acte. C’est à Aristote que l’on doit d’avoir conçu l’agir humain (instrumental et cognitif) à travers le couple « puissance/acte. Ce n’est pas sans lien avec l’idée de « capacité négative » de Bion. Nous y reviendrons sans doute, pour mieux comprendre l’univers philosophique (Aristote) et l’univers de la pratique psychanalytique avec Bion. Il s’agit de donner une profondeur de champ (plus anthropologique) aux agirs et aux manifestations parfois cruelles des enfants et des adolescents. Dans un cœur intelligent Alain Finkielkraut commente un extrait du premier homme de Camus : « L’homme qui se révolte doit être un homme qui se résiste » (qui peut ne pas). C’est mettre le pied à l’étrier pour une chevauchée dans le monde et les ressorts de la conflictualité psychique humaine et une réflexion sur les compromis éthiques de la civilisation : l’éducation.
Herman Melville est un romancier, essayiste et poète américain. Presque oublié après sa mort en 1891, Melville est redécouvert dans les années 1920 à travers son œuvre maîtresse Moby Dick. Il est l’auteur des contes de la véranda dont «Bartleby le scribe ».
[30] IMPENSE RELIGIEUX. Une chose est certaine, c’est que nous pensons qu’il existe plus qu’un reste d’un impensé théologique (comme un cœur de centrale nucléaire) irradiant au cœur de la raison politique, économique et sociale. Nous renvoyons ici à la double racine du mot « religio » : religere et religare.
[31] HORACE TORRUBIA Psychiatre et psychanalyste à Aurillac puis à Orléans, réfugié de la guerre civile espagnole, figure du mouvement de la psychothérapie institutionnelle. Il incarne une fonction très importante dans le mouvement de la psychothérapie institutionnelle, celle du doute méthodique : "et si ce n’était pas ça ?"
[32] JEAN BERNARD BRU. Ikerbasque Research Professor BCAM UPV Researcher
Departamento de Matemáticas Facultad de Ciencia y Tecnología Universidad del País Vasco. BCAM - Basque Center for Applied Mathematics Mazarredo.
EHU Quantum Center Facultad de Ciencia y Tecnología Universidad del País Vasco.
[33] L’ART RUPESTRE OU PARIETAL. Je voudrais préciser ma pensée. Une sorte de logique m’amène à penser que dessiner des animaux sur la paroi de ces « boyaux », dans l’obscurité des « entrailles » de la terre suppose au moins une « différenciation » cognitive entre les animaux et les dessinateurs. Je vois peut-être abusivement - dans cette disjonction - les signes de l’émergence de « l’humanité » : de l’idée de « l’homme ». Il me semble qu’à chaque fois que nous sommes « fascinés » ou « émerveillés » comme des enfants (ou que je le suis -moi-) et là, devant le spectacle de ces dessins préhistoriques, c’est l’écho de quelque chose qui touche à l’originaire. Originaire emprunté au vocabulaire de la psychanalyse dit le « point d’émergence : ce qui apparait ? l’archè. Il y a là quelque chose d’émouvant, puissant et j’en comprend la dimension spirituelle et secondairement religieuse que certain utilisent pour la nommer. (Arkhè est un concept philosophique qui désigne l'origine, le fondement, le commencement du monde, et pour Hannah Arendt qui commande nos vies).
[34] LA LANGUE DES ENFANTS. Le langage des enfants avec peu de mots contient une « forte intensité relationnelle ». La traduction va donc s’appuyer beaucoup sur le « ressenti » sensible de la communication : d’un indicible. Court échange d’un enfant de 10 ans au pédiatre qui a pris soin de lui dans le décours d’une tentative de suicide : » Si j’étais mort tu serais triste » ? ouvre sur les préoccupations rarement explicites de savoir s’il compte pour quelqu’un... où il est ? qui est-il pour l’autre ? On pourrait dire « chercher à se situer », à se « géolocaliser » dans la trame de ses interactions. Se repérer bien sûr au regard de deux grandes coordonnées de la vie psychique : la différence des générations et la différence sexuelle. L’expérience des propos de très jeunes enfants dans les dispositifs d’accueil collectifs et familiaux rend compte de cette recherche, qui concerne son identité et sans doute son statut et sa place dans le "monde"
[35] SACRIFICE DE LEUR CAPACITE A PENSER LES PENSEES. C’est une façon de penser les troubles des apprentissages pour des enfants dits protégés mais bien sûr très au-delà. On dit souvent que ces enfants sont intelligents et le contraste surprend toujours ; cette remarque nous invite à mieux appréhender les « dits » troubles des apprentissages, le sens même de l’agitation et de la dispersion de l’attention comme symptômes dans une conception globale de la vie et du développement cognitif de ces enfants.
[36] PSYCHOTHERAPIE INSTITUTIONNELLE : Les conditions extrêmes de son histoire c’est la guerre d’Espagne, l’émigration et l’occupation allemande et dans le contexte de cette occupation le génocide des malades mentaux qui meurent de faim dans les hôpitaux et notamment celui de Saint Alban. C’est aussi François Tosquelles.
A partir de 1980, le traumatisme des années de guerre s’estompe et le regard critique sur l’ordre établi s’affaibli. Un deuxième Tsunami apparait : Tous les hôpitaux de France, doivent intégrer une nouvelle composante ou peut être religion : la loi du marché. (Religion au sens d’un arbitraire qui s’impose comme une vérité universalisante et pas très démocratique). Puis c’est la descente aux enfers. Division par deux du nombre de psychiatres, rentabilité dans la gestion des services, concurrence entre les hôpitaux. La maladie mentale va désormais s'appréhender dans une approche biologique, et les traitements seront de plus en plus d'ordre médicamenteux ou comportemental, plutôt qu’adossé à la vie quotidienne.
C’est dans le champ éducatif, que l’on peut retrouver cette expérience de la relation nouée au travers du quotidien qui constitue un aspect majeur du soin en santé mentale, pour les enfants protégés. De ce point de vue l’école joue un rôle essentiel au-delà des missions officielles. Nous retiendrons de la longue histoire de la psychothérapie institutionnelle, l’adossement du soin à « la vie quotidienne » et finalement l’idée de « prendre soin de l’institution » impliquant les acteurs directs et indirects de celle -ci.
[37] OBJET BARRE. « L’objet Barré » indique que toute connaissance est marquée d’une limite du fait de sa saisie par le langage.